Le 3 décembre dernier avait lieu la 2e Petite rencontre pour la lecture. 18 personnes ont donc participé à l’événement qui se tenait en webdiffusion.
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Le 3 décembre prochain, le Regroupement lavallois pour la réussite éducative est fier d’offrir une 2e Petite rencontre pour la lecture. Celle-ci s’adressera aux enseignants et intervenants qui œuvrent auprès des jeunes de 6 à 12 ans.
Le 24 janvier dernier, organisée par le Regroupement lavallois pour la réussite éducative, avait lieu la première Petite rencontre pour la lecture à la Salle Normand-Legault du Centre de compétences 2000.
Plus de 40 partenaires ont participé à cette matinée de réflexions et d’échanges sur les approches et les stratégies à adopter pour cultiver l’intérêt à lire chez les adolescents, dont des enseignants, des conseillers pédagogiques, des bibliothécaires et techniciens en documentation, des intervenants du milieu communautaire et culturel, etc.
Après un survol du plan d’action régional pour la valorisation de la lecture, un jeu Kahoot! a été proposé aux participants. Ces derniers ont pu, dans le plaisir, mettre à l’épreuve leurs connaissances sur la lecture chez les adolescents. En effet, on y apprenait entre autre, que seulement 22% des jeunes québécois de sexe masculin déclarent lire pour le plaisir 3 heures et plus par semaine*, que 47% des jeunes affirment avoir du mal à trouver des livres qui les intéressent** et que 21 % des Québécois avec des enfants ont de faibles ou très faibles compétences en littératie (PEICA, 2013), un des facteurs de risque pour que les jeunes deviennent des lecteurs peu engagés.
Marie Gray, autrice et conférencière, est ensuite venue présentée une conférence express sur les sujets qui intéressent les jeunes dans les livres à l’adolescence et les tabous qui y sont souvent rattachés. Elle nous a expliqué sa démarche, qui a pris racine dans un besoin exprimé par les jeunes. « Les jeunes sont curieux de savoir, mais ils n’oseront pas demander à leurs parents ou montrer à leurs amis qu’ils ne savent pas de quoi il est question. Ils iront donc chercher la réponse ailleurs… et ce n’est pas toujours les meilleurs endroits! » nous a dit Mme Gray. Elle s’est donc entourée de psychologues, d’intervenants, mais aussi de jeunes pour savoir ce qui les intéressaient vraiment et comment leur répondre sans jamais faire de moral. La lecture leur permet de s’identifier aux personnages ou d’y reconnaître un(e) ami(e) ou une connaissance et de mieux comprendre la réalité et les sentiments qui peuvent les habiter. Si les sujets exploités ont connu un peu de résistance au départ, ils sont maintenant appréciés des jeunes, mais aussi des adultes qui les accompagnent également! Sa série de romans 14+ vient d’ailleurs d’être actualisée (contenus et visuels).
Mélanie Goyette, responsable du développement des publics à l’organisme culturel Rencontre théâtre ados est ensuite venue nous présenter l’ensemble des activités théâtrales qu’ils offrent aux adolescents. En effet, depuis 25 ans, ils offrent aux jeunes des écoles la chance d’assister à des pièces de théâtre de grande qualité, spécialement pour ce public, à Laval. L’organisme offre également une médiation culturelle avec la mise en place de rencontres préparatoires en classe afin de susciter des réflexions collectives sur les sujets présentés. La ligue d’improvisation est aussi un projet riche pour les jeunes qui y participent ou ceux qui viennent assister aux joutes. Le théâtre, la préparation de débats sur différents sujets, l’improvisation et autres demandent tous de la lecture préalable aux activités, tout en étant directement liée à celles-ci. Un moyen différent, donc, de stimuler la lecture dans un groupe!
La conférence express de Mélanie Jannard, booktubeuse, autrice et conférencière, a ensuite pris place. Cette dernière a présenté son approche qui passe par la vidéo afin de s’exprimer sur ses lectures. Cette technique permet aux jeunes, assez simplement, d’exploiter un domaine intéressant et même admiré (la vidéo), de changer le contexte habituel de l’exposé oral et de façon souvent moins anxiogène, de sortir de sa zone de confort, d’encourager le naturel et la créativité et de créer un sentiment de communauté, très important pour la motivation (appartenance sociale) à l’adolescence. Pour rassurer les jeunes, on peut leur montrer quelques techniques simples de capture vidéo qu’ils pourront reproduire à la maison, leur laisser le droit au montage et à la reprise illimitée. Pour le contenu, elle suggère de les placer en petits groupes pour les faire parler spontanément de leur lecture et de répondre aux questions de leurs compagnons. En résumant de façon spontanée, les jeunes ont ainsi la base du contenu à transmettre et en ajoutant les réponses des questions qui leurs sont posées, ils arrivent habituellement à un contenu complet et intéressant. Mélanie Jannard ajoute que les plus introvertis arrivent souvent à nous surprendre! Une belle idée de projet à mettre de l’avant dans nos milieux.
Mathieu Tremblay, bibliothécaire à la Ville de Laval a terminé le panel des conférenciers en nous présentant une autre initiative lavalloise, celle des soirées Interdit aux adultes. Le milieu des bibliothèques s’interrogeait sur la place des adolescents en leur lieu. Ils ont eu l’idée d’inviter les jeunes pour des événements spéciaux pour que ceux-ci puissent s’approprier l’espace, le lieu, en toute liberté et aussi créer des liens avec le personnel en place. Ceci permet de favoriser de meilleures relations entre eux lors de leurs prochaines visites. Ainsi, deux fois par année, dans différentes bibliothèques, une soirée thématique est organisée. « Nail art », jeux vidéo, photomaton et autres ou alors soirée sous le thème des zombies, tout pour animer les adolescents. Comme quoi il faut parfois sortir du cadre et être créatif pour amener les jeunes au plaisir de lire! Mathieu Tremblay avait aussi préparé quelques suggestions lecture en lien avec les thématiques abordées dans cette Petite rencontre. Les participants ont eu la chance de pouvoir les feuilleter et de prendre les références en note.
Finalement, un atelier de type « Fish Bowl » a été proposé aux participants. Ceux-ci se sont divisés en deux groupes.
Pour l’atelier animé par Marie Gray, les participants ont pu échanger sur les tabous et sur l’utilisation de la lecture pour toucher des sujets délicats. Il en est ressorti que les parents sont le plus souvent à l’origine des tabous et de la volonté de censure. Les intervenants ont tous été d’accord pour dire qu’il fallait tout de même aller de l’avant en offrant un accompagnement respectueux. Par exemple, transmettre un message aux parents pour les informer à l’avance du livre et du sujet abordé, tout en expliquant la démarche derrière, permet souvent de désamorcer les conflits. Pour ce qui est de l’utilisation du livre sur les sujets délicats, certains ont mentionné l’utiliser lorsqu’il y avait des situations troublantes dans l’actualité. Les jeunes se questionnent et restent souvent avec des images dans la tête. Les lectures sur le sujet et les débats et échanges qui suivent leur permettent de mieux comprendre, de réfléchir et de verbaliser sur ces situations. Les cercles de lecture ont été nommés comme un moyen efficace pour aller plus loin dans ce type d’interaction.
Dans l’atelier animé par Mélanie Jannard, les participants ont plutôt exploré diverses idées pour accrocher les jeunes à la lecture. Avant tout, ils s’entendaient pour dire qu’il faut partir de leurs intérêts, de leurs préoccupations, de projets qui les intéressent, aller où ils sont (médias sociaux,…) et aussi, de véritablement s’intéresser à eux. Les participants ont proposé, afin de se démarquer, de s’éloigner du livre traditionnel pour explorer certains jeux vidéo, cartes Pokemon, etc. Ils ont aussi rappeler que les jeunes, peu importe leur âge, aiment se faire lire des histoires et que vivre des échecs ne donne pas le goût de lire. Quelques pistes ont été donné, telles que faire découvrir l’auteur avant l’oeuvre, utiliser les livres pour discuter de controverses et d’enjeux sociaux actuels, encourager la discussion autour du livre, offrir des lectures plus courtes, mais d’intérêt, rendre l’environnement de lecture agréable, relier la lecture à des objectifs réels, agir comme modèle de lecteur et encourager les projets de littératie familiale par l’implication des parents, etc. Plusieurs des éléments nommés font tout à fait sens avec l’inventaire de pratiques et d’actions efficaces : Lire pour le plaisir! Des actions efficaces pour motiver les jeunes de 10 à 20 ans (CTREQ, 2017)
Un bref retour en groupe et le tirage de quelques exemplaires des livres de Marie Gray ont conclu cette belle matinée qui, selon le sondage de satisfaction, a été bien appréciée des participants!
La prochaine petite rencontre aura lieu à la fin du printemps 2020, sur un tout autre sujet. Restez à l’affût!
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* NANHOU, Virginie, Hélène DESROSIERS, Karine TÉTREAULT et Frédéric GUAY (2016). « La motivation en lecture durant l’enfance et le rendement dans la langue d’enseignement à 15 ans », Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ 1998-2015) – De la naissance à 17 ans, Institut de la statistique du Québec, vol. 8, fascicule 3, page 4
** http://plus.lapresse.ca/screens/8c605571-3295-492f-8214-a9be531b5334__7C___0.html
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Personne ressource: Geneviève Duval, chargée de projet au Regroupement lavallois pour la réussite éducative